PlayStation Portable   Tenchu Shadow Assassins   Infiltration   2008  PAR Dreamboum 



Quatrième opus de la série Tenchu sacrifié aux mains d’Activision et de From Software, nous assistons là à la mort d’une série. Celle qui a participé aux beaux jours de l’ère Sony Playstation n’est rien d’autre qu’un cadavre en décomposition qui essaye tant bien que mal de sortir de son cercueil. Tenchu : Shadow Assassins est larmoyant, en assistant à nouveau à un ami cher qui a pris la mauvaise direction : il est la preuve que nos bons amis de From Software ont absolument rien compris de ce qui faisait l’essence de la série. Cet opus a même le mérite de ne pas avoir une seule qualité qui surpasse celle de l’opus original sorti 10 ans plutôt, un exploit. Hormis le nom, Tenchu : Shadow Assassins aurait alors dû beaucoup plus s’inspirer de Tenchu : Stealth Assassins. Beaucoup, beaucoup plus.


Titre : Tenchu Shadow Assassins
Studio : From Software
Genre : Infiltration
Support : Wii/PSP

Là ou Tenchu : Stealth Assassins nous offrait un contenu important remplis de bonus en tout genre, Tenchu : Shadow Assassins nous refile du réchauffé jusqu’à l’écœurement. C’est bien simple, le mode histoire possède 10 missions, cinq où on avance et cinq où on recule. Le jeu entier est un grand aller-retour, justifié seulement par le fait qu’on incarne un différent personnage pour le retour. On sent très clairement que From Software ne s’est pas foulé les chevilles pour nous proposer du grand contenu. Le fait est que même refaire le chemin en sens inverse avec un autre personnage a strictement aucun intérêt car ils ont tous deux aucune véritable différence au niveau du gameplay hormis les animations d’exécutions. Le jeu original sorti plus tôt avait au moins la décence de fournir des différences, en plus de ne pas nous imposer le personnage à jouer afin de permettre une plus-value plus importante. Il y a aussi le mode Tâche : Les tâches ne sont que des mini-missions basé sur un aspect du gameplay particulier ou un objectif à réaliser en un temps limité. Ces tâches n’ont que très peu d’intérêts mais vous pourrez en débloquer plusieurs en obtenant un bon résultat aux missions présent dans le mode histoire si vous ne serez pas rassasiés celui-ci.

Le gameplay de Shadow Assassins est assez différent de ses prédécesseurs, faisant fi des zones ouvertes pour nous faire la part belle à une linéarité beaucoup plus importante. Les missions sont fragmentées en plusieurs zones qui sont délimités par des temps de chargements. Vous avez seulement à avancer d’un point A à un point B, vous n’aurez jamais d’objectifs annexes et il y aura très rarement plus d’un moyen de se rendre au point B. Ces mêmes zones sont pour la plupart du temps très exigus, laissant libre cours à la caméra de s’en donner à cœur joie et vous empêcher de voir ce que vous avez envie de voir. Le level-design est composé de buissons que vous pouvez utiliser comme cachette, il est aussi possible de se déplacer d’un buisson à un autre instantanément avec le Hayate (R1+la direction voulue) afin de ne pas perdre votre camouflage. A chaque fois que vous êtes considérés comme invisible aux yeux de l’ennemi, votre personnage sera complétement noir comme si il était abrité d’un esprit vengeur. Hormis les buissons, certains espaces vides auront des espèces de brouillard noir qui vous indiquent que l’ennemi ne sera pas capable de vous voir. Vous pouvez aussi vous-même créer ces espaces en éteignant des sources de lumières alentours.


Rikimaru ou Ayame gardent toujours leurs panoplies du bon ninja mais en étant encore plus meurtrier. Quand vous prenez un ennemi par surprise avec la touche carrée, le jeu se retrouvera en mode slow-motion, vous laissant le choix de choisir du mode d’exécution avec le joystick. Il s’agit du Hissatsu : brisage de nuques, katana qui transperce le cœur ou même acrobaties trop spectaculaires pour ne pas alerter les ennemis aux alentours seront à votre disposition. Il s’agit là d’un des seuls aspects que l’équipe de From Software ne s’est pas rechigné à y mettre du travail. D’ailleurs si plusieurs ennemis sont proches l’un de l’autre, il est même possible de tous les vaincre avec quelques techniques de kung-fu en ne pressant pas plus de trois boutons, pratique mais surtout un peu trop facile. Les ninjas ont aussi à leurs dispositions des armes secondaires pour leurs faciliter la tâche : Shuriken et Kunai vont de pairs et permettent d’attaquer l’ennemi sans pour autant les tuer hormis dans certaines occasions (près d’un feu ou d’un cours d’eau), le bambou rempli d’eau permet de se camoufler dans l’eau ou d’éteindre les points de flammes alentours, la bombe fumigène permet de semer la confusion chez l’ennemi pour pouvoir les abattre un par un sans difficulté, etc. D’autres objets seront aussi à votre disposition, le plus original étant le chat shinobi qui est un chat dont vous aurez le contrôle et peut vous rapporter des objets présents dans la zone, rendre l’ennemi alerte ou même jouer le kamikaze en se jetant sur des caisses remplis de dynamites.

Les ennemis viennent en plusieurs catégories, de sous-fifres à soldats élites, ils deviennent de plus en plus teigneux et perspicaces au fil de l’aventure au point même que le moindre pas fait à cinq mètres de l’ennemi sera suffisant pour éveiller les soupçons. Il y aura aussi des ninjas camouflés dans le paysage prêt à vous tendre en embuscade : toits, buissons, arbres, ils vous forceront à ouvrir l’œil mais un shuriken sera suffisant pour vous défaire de ces ennemis. Vous pouvez user de ruse pour vous en défaire mais les armes de jets étant la plupart du temps totalement inefficaces, il va très souvent falloir en venir aux mains et attendre que l’ennemi se retourne pour lui briser la nuque. Mais attention, si l’ennemi est au courant de votre présence, il vous sera impossible de l’exécuter et vous aurez alors à vos bras un ennemi à vous en défaire.


D’ailleurs, l’une des grandes différences est qu’il ne suffit plus de se cacher après qu’un ennemi vous ait repéré, il n’y a pas assez d’espace pour ça et le jeu ne vous en donne guère le choix. Quand vous êtes repérés, le soldat vient à vos trousses sans que vous puissiez rien n’y faire. Si c’est la première fois que vous êtes repérés, le ninja disparaitra (et perdra une partie de ses vêtements pour une raison inexpliquée) puis vous serez téléportés au tout début de la zone. Si c’est la deuxième fois, vous perdrez alors la vie sans pouvoir être capable de vous défendre malgré la grande force et agilité de Rikimaru et Ayame. Cela ne veut pas forcément dire que vous n’avez pas plusieurs options qui s’offrent à vous si vous avez les armes secondaires correspondantes : Vous pouvez vous enfuir avec une bombe fumigène mais vous serez téléportés au début de la zone de toute façon. Par contre, si vous possédez un Ninjato, vous pouvez alors vous lancer dans une joute contre votre assaillant. Ces joutes sont très nombreuses, la plupart du temps obligatoire pour les besoins du scénario, vous aurez alors affaire à des combats façon Red Steel, mais avec un joystick à la place d’une Wiimote. Vous vous retrouverez en vue subjective et vous devez vous défendre des attaques ennemies en pressant la direction opposée de l’attaque ennemie, montrée par une flèche à l’écran au moment de l’attaque. Après vous être suffisamment défendu, votre barre de Tenchu sera remplie et vous offrira une chance d’attaquer, vous pouvez attaquer de toutes les directions sans que l’ennemi essaye de se défendre, vous pouvez aussi maximiser les dommages infligées en suivant les flèches indiquées à l’écran. Continuez jusqu’à que votre ennemi rende le dernier souffle. Les batailles contre les boss se dérouleront aussi de la même façon, exit donc les bonnes vieilles batailles ou vous avez à user de votre inventaire pour vous défaire d’ennemis surpuissants, vous avez seulement à appuyer le joystick dans la bonne direction et vous aurez remporté chacune de vos batailles qui ne dureront pas plus de 30 secondes.

Comme dit plus haut, la caméra sera surtout votre plus grand ennemi, vous ne pouvez pas la contrôler mais vous aurez à votre disposition une compétence propre : l’œil de l’esprit. En appuyant sur triangle, Rikimaru ou Ayame auront la possibilité d’avoir une vue plus globale où les ennemis seront visibles par un halo rouge, les cachettes et objets à récupérer par un halo jaune, pensez Assassin’s Creed ou Deus Ex – Human Revolution, c’est la même chose. Ce sera le seul moment où vous pouvez bouger la caméra à défaut de pouvoir bouger votre personnage, c’est d’ailleurs la compétence la plus utile car elle permet de tricher et de voir ce qui se passe derrière une porte là où il serait totalement impossible d’y jeter un coup d’œil sans y rentrer directement avec votre personnage. Ce sera votre seul moyen d’avoir une connaissance modérée de vos alentours et d’éviter de prier de ne pas tomber sur un ennemi à chaque fois que vous traversez une porte.


En ce qui concerne l’histoire, on en vient à beaucoup à manquer l’histoire simpliste des premiers Tenchu. La fille unique du seigneur Gohda a été enlevée par un clan ninja et il incombe à Rikimaru et Ayame de la récupérer. Les pans d’histoires sont représentées par des cinématiques au début et à la fin de chaque mission. Vous aurez alors à suivre l’aventure de Rikimaru qui a perdu sa voix reconnaissable des premiers opus pour celle de Liam O’brien qui métamorphose le personnage dans l’archétype du ninja sombre et mystérieux avec une voix grave prêt à sortir autant de punchlines que possible. Ayame, elle, n’en rate pas une pour sortir une réplique sarcastique et nous montrer à quelle point elle est blasée de tout et n’importe quoi. Une chose est sûre, ils n’ont plus vraiment de personnalités qui remplissent le rôle de celui d’un ninja. L’antagoniste est une femme à grosse poitrine prête à en découdre et à nous montrer à quel point être un ninja est hypocrite, pourquoi ? Vous ne le saurez jamais. Tout cela est servi par des histoires de traitrises, mais pas vraiment. De personnages qui viennent et partent aussitôt et d’une fin risible à base de ‘IT WAS ME ALL ALONG ! HAHAHA’, à tel point qu’on se demande si tout cela ne peut pas être considéré comme un crime puni par la loi. Tout ce qui a fait le sel de la série Tenchu a été jeté aux oubliettes pour une histoire qui ne fait que desservir le jeu aux travers de cinématiques de mauvaise qualités, comme une volonté d’appâter un public plus occidental à travers des mécaniques qui rappellent les jeux qui furent le plus en vogue à l’époque de la sortie du jeu, Assassin’s Creed en premier. Seule la bande-son rappelle un tantinet le style Tenchu, bien que très loin d’avoir la même qualité que les précédents opus hormis deux ou trois musiques qui ont le mérite d’être de très bonnes factures.

Toutefois, cela ne suffit pas. On voit clairement que la série Tenchu prend le pire chemin qu’il était capable de prendre et nous laisse pantois quant aux choix stratégiques que From Software prend la peine de prendre. Il y a une si grande incompréhension de ce qui faisait Tenchu une série populaire et reconnue qu’on se demande si tout cela n’était pas rien d’autre qu’une parodie destiné à nous faire rire. Même dans ce cas, la seule chose qu’il a réussi à nous soutirer est un rire jaune, triste tout au fond de nous-même quant à la disparition d’une série chère aux cœurs de ceux qui s’y sont essayés. Tout n’est pas à jeter mais tout est à reprendre du début afin de partir sur une base claire et établie et de comprendre que la série ne se limite pas à exécuter les ennemis de 50 façons possibles et de nous refourguer les mêmes personnages ad nauseam.


DANS LE MÊME GENRE

SORTI LA MÊME ANNÉE

SORTI SUR LA MÊME CONSOLE

Dishonored

Castlevania : Order of Ecclesia

Persona