PlayStation   Final Fantasy IX   RPG   2000  PAR Folkefiende 





Est-il encore besoin de le présenter ? RPG sorti en 2000, Final Fantasy IX est le neuvième épisode de la saga culte de Squaresoft et le dernier sorti sur PlayStation première du nom. Mais s'il clôt cet arc de la série, ce n'est pas pour autant qu'il fait partie d'une trilogie spirituelle ... Pas du tout, même. Final Fantasy IX se démarque complètement de ses prédécesseurs. En effet, si on avait pu remarquer une radicale modernisation de l'environnement du jeu et des personnages dans Final Fantasy VII et Final Fantasy VIII, leur successeur préconise lui un retour aux sources. Mais par "retour aux sources", n'entendons pas "régression", que du contraire : Final Fantasy IX va proposer quelque chose de complètement nouveau. Mais soit, nous y reviendrons après ; intéressons-nous d'abord à l'histoire et aux mécaniques de jeu.

Je Veux Être ton Oisillon
L'histoire se déroule sur la planète Gaia, à l'aube du XIXème siècle. La paix établie depuis de longues années entre les différents royaumes qui y sont érigés est désormais menacée par le soudain regain d'impérialisme, apparemment alimenté par les liens entretenus avec le commerçant d'armes nommé Kuja, du royaume d'Alexandria sur lequel règne la reine Brahne Raza Alexandros XVI. Malgré ce climat d"hostilités, des festivités sont tout de même organisées à l'occasion du seizième anniversaire de sa fille, la princesse Garnet til Alexandros XVII. Une troupe de théâtre nommée Tantalus, appelée spécialement du royaume de Lindblum pour l'occasion, est censée venir jouer une pièce ... sauf que cette troupe n'en est en fait pas une : Ce sont des voleurs qui se font passer pour des acteurs. Leur but réel ? Enlever la princesse Garnet ! Cependant, ce qu'ils ne savent pas ... c'est que la princesse, exaspérée par son environnement et inquiétée par les desseins de sa mère, a décidé de fuguer le même jour ! Lors de sa fuite, elle va tomber sur un des membres de Tantalus qui la cherche pour mener à bien son opération : Zidane Tribal. À l'équipe viennent s'ajouter dans la confusion le capitaine Adelbert Steiner et le jeune mage noir Vivi. La princesse finit par se laisser kidnapper de plein gré et s'enfuit avec la troupe à bord du Prima Vista ... ce qui n'est pas du goût de sa mère, furieuse, qui ordonne le bombardement de l'aéronef. Fortement endommagé, il s'écrase dans la Evil Forest.

Du vieux et du neuf
Le gameplay de Final Fantasy IX reste sensiblement identique à celui de ses prédécesseurs (Points d'expérience, jauge ATB, world map, etc), mais certaines nouveautés font leur apparition et des éléments qui avaient momentanément disparu refont surface : On assiste donc principalement à un retour de l'épique de quatre personnages et du concept "classique" de MP dans les combats ainsi qu'à une ré-émergence du principe de classes ; l'apprentissage des différents capacités, lui, se fait par un nouveau système qui se base sur l'équipement du personnage, chacune de ses composantes renfermant des abilités qui s'apprennent au fur et à mesure que sont gagné des AP à la fin des combats. Un nouveau système de "Transe" fait aussi apparition dans les combats et permet aux personnages, à peu près dans la même optique que les Limit Breaks, de jouir momentanément de nouveaux skills ou d'une puissance accrue lorsque leur jauge de Transe est remplie à force de se prendre des coups.
Le principal défaut du gameplay de Final Fantasy IX est que, malgré cette remise à neuf du système de combats, les combats en question sont LENTS. Ils mettent deux plombes à se mettre en place, ils manquent de dynamisme et deviennent vite un fardeau ... et le système de Transe n'aide pas vraiment, dans la mesure où il est incontrôlable et donc survient de manière tout à fait aléatoire : La plupart du temps, il s'enclenchera à la fin d'un combat random et ne servira à rien. Malheureusement, ce n'est pas le seul dérapage : Les sidequests sont elles aussi complètement insipides pour la plupart. Que ce soit le Chocobo Hot & Cold, le Tetra Master ou le Mognet, c'est extrêmement répétitif, fastidieux et sans inventivité, voire carrément inutile. Des quêtes plus originales et scénarisées auraient été les bienvenues ... Dommage. Parlant de sidequests, faites aussi gaffe à ne pas manquer les différents évènements optionnels, qui se ratent facilement si vous ne savez pas ce que vous faîtes ... n'hésitez pas à vous aider d'un guide à ce niveau-là.
Cela dit, ne croyez pas que le jeu est "raté" sur le plan des mécaniques de jeu, loin de là. Il est juste décevant compte tenu des avancées qui ont été faites pour cet épisode. Rassurez-vous donc, vous n'allez pas bouffer votre manette de rage. De toute façon, Final Fantasy IX comble ces quelques lacunes par sa maîtrise totale dans un autre domaine: Revenons donc à ce "retour aux sources" opéré par la direction artistique dont je parlais.


Un combat random, ici contre un Land Worm

Zidane, en Transe, qui lance un skill Dyne

L'Eidolon Bahamut balance son Mega Flare

Le menu du jeu avec, à droite, les points à assigner aux capacités

La map du premier continent, recouverte de Mist

Le Chocobo Hot & Cold, chiant comme pas permis (pédé de chocobo)


Dagger <3
Il faut dire que la direction artistique subit une véritable métamorphose. Tout d'abord, comme je l'ai dit, cet épisode est un "retour aux sources". Cela ne veut pas dire que Final Fantasy IX est un FFIV² ou un truc du genre, bien sûr, simplement qu'il y a un retour au "médiéval" parsemé de clins d'œil aux anciens épisodes, ce qui casse nettement avec l'évolution SciFi de ses deux prédécesseurs et qui le rapproche des jeux de l'ère pré-PlayStation ... mais l'approche est complètement différente. Car si la volonté de l'équipe de développement change, c'est aussi le cas de l'équipe en elle-même ! En effet, si Nomura a réalisé le charadesign du VII et du VIII (Pour le meilleur, comme pour le pire ...), il est totalement absent de cet épisode et la plume est rendue à Amano ... enfin, pas vraiment. Amano va se contenter de fournir des concepts, et c'est un petit nouveau, un certain Toshiyuki Itahana, qui va s'occuper du charadesign final. Ce n'est que son premier grand projet, et pourtant, il va déjà tenter quelque chose d'énorme : Introduire des personnages aux traits fins mais qui se rapprochent du super-deformed. Et que dire, si ce n'est qu'il a réalisé un véritable tour de force ? Son style est tout simplement unique et parfaitement maîtrisé. Les personnages, bien qu'assez fantaisistes, ne sont pas inutilement embellis et leur bouille, aux expressions accentuées par le côté "cartoon" du super-deformed, les rend super attachants. Le résultat est très personnel et certains personnages, comme Garnet/Dagger, n'ont même plus rien à voir avec le concept original, ce qui est pour le mieux. Parlant de Dagger justement ... Selon moi, c'est le meilleur exemple de la réussite du charadesign : Dagger est de loin le personnage le plus adorable de toute la série, et même la protagoniste la plus mignonne que j'aie jamais vu dans un jeu vidéo.
Mais la réussie esthétique de ce jeu ne tient pas seulement dans ses personnages et les décors, toujours en 2D, ne sont pas en reste. Les panoramas sont époustouflants et l'environnement fourmille de détails, avec une mention spéciale au somptueux royaume de Lindblum qui possède sans doute parmi les plus belles vues du jeu. Et si cet épisode a pour principe un retour à un monde plus féérique, ce n'est pas pour autant qu'il tombe dans une idéalisation à outrance ; si il y a de nombreuses et évidentes légèretés par rapport à la réalité du Moyen-Âge, il est loin du merveilleux dégoulinant, comme on peut le remarquer par exemple dans la ville de Treno. Enfin, dernière composante visuelle sur laquelle un travail monstre a aussi été fourni : Les FMV, réalisées par le studio français ExMachina. La qualité de modélisation et d'animation des personnages est vraiment impressionnante, surtout quand on sait que ce jeu a fêté son dixième anniversaire il y a à peine un mois ... et on comprend tout de suite d'où viennent les quatre CD.
Bien sûr, les environnements dans lesquels évoluent les personnages et les moments forts du jeu ne seraient pas aussi marquants s'ils n'y avait pas de bande-son en conséquence. C'est, comme toujours, Uematsu qui la composera et elle n'est pas anodine pour le compositeur : Il s'agit à la fois de sa préférée, de sa plus prolifique et de la dernière qu'il composera seul ! Allant dans le sens du reste de la direction artistique de Final Fantasy IX, l'OST opère un "retour aux sources" et retourne à une ambiance plus "médiévale" sans pour autant manquer d'avoir ses particularités, comme les tracks de synthé pur qui trouvent très bien leur place dans ce monde médiéval avec Crossing the Knoll par exemple, ainsi que de nombreux morceaux de piano parfois envoûtants comme Loss of Me. Le thème du jeu, The Place I'll Return to Someday, qu'on peut entendre dès l'écran-titre, joue un rôle très important dans le scénario et se décline en plusieurs versions qui ont toutes une identité propre. Parlant de scénario ; c'est très bien d'avoir une esthétique travaillée, mais peut-on en dire autant des personnages ? Et bien, si j'ai attendu aussi longtemps avant de vous en parler, c'est tout simplement parce que j'ai décidé de garder le meilleur pour la fin.


Les protagonistes approchent du village de Dali

Les protagonistes devant la cité de Conde Petie

Zidane dans le repère des Tantalus à Lindblum

Dagger dans les hauteurs des Aerbs Mountains

Zidane et Dagger, dans une FMV

Vivi, dans une autre FMV


Vivre, c'est prouver qu'on vit ?
S'il y a bien une chose qui rend Final Fantasy IX unique, profondément intéressant et l'élève au rang d'œuvre d'art, c'est la psychologie de ses personnages. Derrière l'aspect plus "mignon" de cet épisode se cache une véritable recherche individuelle du sens de la vie qui va bien au-delà des clichés habituels. On découvre les personnages de l'histoire en même temps qu'eux-mêmes se découvrent, et leur conflit intérieur se dévoile peu à peu. Ils ont tous une raison bien particulière qui les pousse à réfléchir sur le but qu'ils ont choisi de poursuivre et sur leur conception de la vie. Mais qui parle de vie, parle aussi forcément de mort ... Cela dit, ce ne sont pas des explications rigides qui viendront vous apporter sur un plateau d'argent la réponse aux questions que le jeu nous permet de nous poser. L'intérêt de Final Fantasy IX est qu'il laisse champ libre à la réflexion et à l'interprétation personnelles : À vous, donc, de voir ce qu'il y a à tirer de votre expérience de jeu.
La seule chose que l'on puisse regretter, c'est que, sur les huit personnages jouables du jeu, seuls les quatre personnages principaux (Zidane, Garnet, Vivi et Steiner) soient réellement développés. Des quatre autres personnages, Eiko et Freya sont relativement oubliées à partir d'un certain point dans le jeu (Sans être totalement inintéressantes), Amarant n'est que très peu exploré et pas très intéressant, et Quina sert avant tout à ajouter une touche de comique dans l'histoire. Cela dit, les personnages principaux suffisent largement tant ils sont approfondis et importants au scénario. D'ailleurs, parlons-en un petit peu plus ...
Commençons par Vivi Ornitier. Jeune mage noir de neuf ans. Il se retrouve embarqué dans l'aventure un peu par erreur ... Timide, peureux, manquant de confiance en lui, Vivi est un petit garçon mal dans sa peau qui ne sait pas grand chose de son passé. Étranger au concept de la "mort", la découverte avec ses compagnons d'infortune de la nature de l'armement fourni à Brahne par Kuja va le plonger dans un profond questionnement existentiel qui va le suivre pendant tout le jeu, au cours duquel il essayera de définir son identité, d'affirmer son individualité et de comprendre le sens de sa vie dont les principes mêmes lui échappent.
Passons ensuite à la princesse Garnet til Alexandros XVII. Jeune fille de la reine Brahne et héritière du trône d'Alexandria, elle se sent oppressée par le milieu dans lequel elle vit et, sentant la menace que représente le nouveau comportement de sa mère, elle essaye de fuguer et finit par se faire "enlever" par la troupe Tantalus. En voyageant avec Zidane, elle découvre peu à peu le monde extérieur après sa jeunesse passée confinée dans le château de la famille royale, où le seule chose qui régissait son existence était le fait de devenir un jour reine d'Alexandria. Sans exutoire pour exprimer son individualité jusque lors, elle se trouve émerveillée par ce nouveau monde qui s'ouvre à elle et lui permet enfin d'être elle-même, n'hésitant pas à se débarrasser de ce qui la rattache à la noblesse, à commencer par son nom en prenant le pseudonyme "Dagger", pour se libérer du rôle préconçu de princesse qui s'est imposé à elle. L'aventure va être une occasion pour elle d'apprendre à faire la part entre le dévouement et l'expression de sa volonté ainsi qu'à mesurer rationnellement la responsabilité de ce qui survient autour d'elle.
Parlons maintenant du capitaine Adelbert Steiner. Il est le leader des guerriers de Pluto chargés de la défense rapprochée de la famille royale et se retrouve embarqué dans le Prima Vista alors qu'il poursuivait la troupe Tantalus après que Zidane ait "capturé" la princesse Garnet. Soldat fier et dévoué à la princesse, il ne montre aucun respect à Zidane vu son statut de voleur. Entièrement soumis aux directives royales et incapable de remettre le moindre ordre en question, il ferme les yeux sur les agissements de la reine et, aveuglé par sa loyauté zélée, se justifie par l'accomplissement du devoir qu'il place comme une valeur prépondérante. Ce n'est qu'au fur et à mesure du déroulement des évènements qu'il commencera à douter et à questionner son comportement. Ce voyage forcé avec le personnage de Zidane qu'il semble tant détester va lui permettre de commencer à réfléchir par lui-même et à se construire une identité propre pour cesser de n'exister qu'à travers les ordres des autres.
Zidane Tribal est le héros de ce jeu. C'est un jeune voleur faisant partie de la troupe Tantalus dont il considère le chef comme son père adoptif. Bon vivant et espiègle, indépendant et nonchalant, voyageur et dragueur, il représente un peu l'opposé de tout ce qui cause du tort aux autres personnages : Il accepte la vie comme elle vient, ne se fige dans aucune norme morale, ne se soumet à aucun ordre social et n'hésite pas à dire ce qu'il pense par lui-même. Cela ne l'empêche pas d'être généreux et d'être présent auprès de ses amis pour autant ... Il ne veut pas avoir à donner de raison pour aider les gens. Cela dit, il n'est bien évidemment pas parfait, et lui aussi a à apprendre de ce périple : Malgré son indépendance, il a besoin des autres pour surmonter certaines épreuves même lorsque celles-ci sont censées ne concerner personne d'autre que lui, à l'instar de chacun des personnages pour lesquels il sera une source d'inspiration qui les aidera à surmonter leur mal intérieur, qui est pourtant une question individuelle avant tout.
Concernant l'antagoniste principal, Kuja, il faudra attendre la fin du troisième CD pour que sa véritable nature soit dévoilée par un plot twist particulièrement habile. Il restera donc mystérieux pendant la majeure partie du jeu, mais on finira par comprendre à quel point son destin est inextricablement lié aux protagonistes et à leur recherche du sens de leur vie.
Bien entendu, ces interprétations sont totalement subjectives, en plus d'être incomplètes (Ne fut-ce que pour éviter le spoil). Comme je l'ai dit plus haut, à vous de voir de ce que les personnages et leur psychologie évoquent chez vous, c'est ce qui est le plus important. Et ce que je vous ai présenté ici est loin d'épuiser la richesse scénariste de Final Fantasy IX, dans lequel vous trouverez encore des tonnes de choses à découvrir !



Bref, vous l'aurez compris : Malgré ses quelques lacunes dans le gameplay, Final Fantasy IX est un épisode atypique, contrairement à ce qu'on pourrait croire d'un "retour aux sources", qui brille autant par sa beauté esthétique que par la profondeur de la réflexion qu'il nous propose. Si vous ne l'avez pas encore fait, n'hésitez pas à vous lancer dans l'aventure, elle mérite ses 50 heures de durée de vie. En espérant vous avoir donné envie de vous essayer au jeu ... c'est ici que je clos mon article !


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